Conférence Annuelle 2024 de l'European Digital Media Observatory (EDMO) sur la Désinformation

Marion Seigneurin

05/07/2024


Conférence annuelle EDMO 2024 sur la Désinformation

Depuis quatre ans, l’European Digital Media Observatory - EDMO, organise sa conférence annuelle : un moment de partage sur les actualités du domaine et les travaux menés par les différents Hubs* et les acteurs de l’information.

Nous avons eu le plaisir d’assister à l’édition annuelle de cette conférence du 13 au 14 mai dernier. Deux jours de keynotes, tables rondes et échanges informels passionnants placés sous le signe des élections européennes et de la lutte contre la désinformation.

D’emblée, Madeleine de Cock Buning, présidente du Conseil consultatif d’EDMO, a su rappeler la nécessité d’inscrire la désinformation dans un contexte sociétal plus large : celui de nos démocraties, de nos manières de communiquer et d’appréhender le monde dans une société en pleine transformation numérique.

Incontournable, la question de l’intelligence artificielle - IA, a été extensivement abordée. L’évolution rapide de l’accessibilité et des performances des outils d’IA pour la création de contenu ou le ciblage viennent reconfigurer les campagnes politiques et le champ de la désinformation.
Néanmoins, si l’IA, en particulier l’IA générative, peut être un outil de désinformation comme dans le cas des élections en Indonésie, seul une minorité des contenus de désinformation relèvent aujourd’hui de cette catégorie (2-5%).
Irina Orssich, responsable de la politique sectorielle en matière d'IA à la Commission Européenne, a également souligné l’émergence d’un cadre législatif européen - l’IA Act - qui s'articule autour d’une approche fondée sur les niveaux de risques, contribuant à la lutte contre la désinformation. Ce cadre, aux côtés du RGPD, du DSA, du Code of Practice on Disinformation et des nouvelles régulations sur la transparence des publicités politiques, oblige les plateformes. De nouvelles contre-mesures sont progressivement mises en place pour limiter la diffusion et l’impact de la désinformation et de la mésinformation sur les réseaux sociaux.

L’intelligence artificielle représente également une opportunité pour la lutte contre la désinformation. Des outils d’aide au fact-checking permettent d’accompagner les professionnels de la vérification de fait : détection, investigation, dissémination, recherche et veille… Loin de remplacer l’humain, l’IA se place comme l’outil d’une enquête augmentée plus efficiente.
Certains outils se mettent également au service des utilisateurs, à l’image de l’AI-coach de Titan, qui accompagne les utilisateurs dans une approche réflexive de l’information.

Outil essentiel dans la lutte contre la désinformation, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) a également fait l'objet d'une table ronde. De ces réflexions émerge la nécessité de développer des pratiques standardisées et des grilles d'évaluation communes pour mesurer l'impact des programmes déployés à l'échelle européenne. De nombreuses initiatives ont également mis l’accent sur le « pre-bunking » et les campagnes d’information en continu ciblant les sujets sensibles et les principales techniques de désinformation.

Věra Jourová, vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence à la Commission européenne a rappelé l’importance de la collaboration entre les acteurs publics, la recherche, la société civile et les plateformes. En particulier concernant l’accès aux données et l’exploitation de ces dernières pour comprendre les phénomènes de désinformation en ligne, l’impact des différentes contre-mesures et les politiques à mettre en œuvre.
Au cœur des discussions, l’accès aux données reste le frein principal à la lutte contre la désinformation malgré l’élaboration d’un cadre réglementaire européen unique. En témoignent les constats présentés par Bastien Carniel (Science Feedback) présentant un accès fastidieux voire impossible aux données des plateformes dans le cadre de recherches entrant pourtant pleinement dans le cadre du DSA.
La mise en œuvre effective du DSA  doit ainsi encore faire l’objet d’améliorations et de négociations inter-acteurs. Évoqué par Rebekah Tromble, un organisme intermédiaire placé entre les chercheurs et les plateformes pourrait voir le jour pour simplifier l’accès aux données pour les chercheurs et la mise en conformité des plateformes. La granularité de ces données reste également une zone grise du DSA qui devra faire l’objet de futures discussions.

*Le réseau EDMO est constitué de 14 Hubs de travail répartis sur le territoire de l’Union Européenne et en Norvège.
Pour plus d’information : https://edmo.eu/about-us/edmo-hubs/



Programme de la conférence annuelle EDMO 2024

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